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Les autres actions et suivis autour de l’eau du bassin versant des Nestes

Image de profile Par Appolo. Publié le 14 octobre 2020

Qualité du milieu aquatique - Suivi du peuplement piscicole de la basse Neste

Dans le cadre du Contrat Territorial de Bassin 2014-2018, le constat est que peu de données existent sur l’état de la population piscicole en aval de la prise d’eau du canal de la Neste à Sarrancolin, considérée localement comme très impactée par un débit faible et par le colmatage par les matériaux fins.

Ainsi, un suivi est mis en place depuis 2016 sur la basse Neste. Il permet :

  • d’observer annuellement l’évolution du peuplement piscicole, avec la truite fario comme espèce repère vis-à-vis de la fonctionnalité du cours d’eau,
  • d'évaluer les impacts des différents modes de gestion des ouvrages hydroélectriques et du canal de la Neste.

Ce suivi est réalisé en complément de ceux réalisés par EDF dans les parties amont et médiane de la Neste d’Aure. Il se traduit par la réalisation d’inventaires piscicoles par pêche électrique sur deux stations de la basse Neste selon les années (Lortet de 2016 à 2022, Rebouc en 2016 et 2017, Anères en 2019 à 2022).

Les premiers résultats issus du suivi de 2016 montrent que l’abondance de la population de truite est inférieure à la moyenne départementale selon la grille d’évaluation de la Fédération de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique 65. Cependant, sur l’ensemble du bassin, il est à noter un bon recrutement de la population de truite depuis 2013 (beaucoup d’alevins) mais l’abondance de truites de plus de 1 an est faible. (Cf. Etude en PJ)

En 2017, le recrutement a encore été favorable, avec des abondances d’alevins jugées fortes à très fortes selon les références départementales. L’abondance de truites de plus de 1 an augmente un peu grâce au bon recrutement 2016, mais reste faible. (Cf. Etude en PJ)

En 2018, l’abondance globale de truites augmente grâce aux 2 bons recrutements de 2016 et 2017, et peut être considérée comme moyenne selon les références départementales. Mais le recrutement de l'année est mauvais, en cause une hydrologie défavorable (crues hivernales) qui a fortement impactée reproduction et la survie des oeufs et des alevins. (Cf. Etude en PJ)

En 2019, le suivi montre un excellent recrutement sur la basse Neste, conforme au reste du département grâce à l’absence de crues hivernales. L’abondance de truites adultes est en augmentation du fait des bons recrutements de 2016 et 2017. Le taux de survie des différentes générations est cependant très variable d'une année sur l'autre, traduisant des perturbations non identifiées pour le moment et qui restent à déterminer. (Cf. Etude en PJ)

En 2020, les inventaires révèlent une situation toujours perturbée pour cette espèce, avec des abondances pouvant être considérées comme moyennes à fortes au vu des références départementales, mais qui restent inférieures au potentiel de la Neste pour cette espèce. L’abondance de truites adultes est en outre particulièrement faible cette année. Cependant, le recrutement exceptionnel observé l’an dernier se traduit par de fortes abondances de juvéniles cette année, et le recrutement 2020 est assez bon, deux points qui laissent augurer une amélioration de la situation à court terme. La poursuite de ces inventaires est donc importante afin de mieux cerner l’évolution de la population de truites à ce niveau. (Cf. Etude en PJ)

En 2021, les inventaires 2021 révèlent une situation toujours perturbée pour cette espèce, avec des abondances pouvant être considérées comme moyennes à fortes au vu des références départementales, mais qui restent inférieures au potentiel de la Neste pour cette espèce.
Cependant, la situation continue de s’améliorer, notamment grâce au recrutement exceptionnel observé en 2019 et qui a donné une bonne cohorte d’adultes en 2021. Le recrutement 2021 est en outre intéressant et devrait maintenir cette situation l’an prochain.

En 2022, on constate que l’abondance d’alevins relevée est la seconde plus faible depuis 2016.

Deux événements sont susceptibles d’avoir influencé la survie des alevins en 2022 :

  • la vidange de plusieurs barrages hydroélectriques en juillet 2022, qui a entrainé des départs importants de matière en suspension,
  • l’hydrologie de la Neste avec l’occurrence de 2 crues hivernales (10 décembre 2021 et 10 janvier 2022) survenant pendant le fraie, très impactante sur la survie des oeufs. C'est un paramètre majeur contrôlant la survie et donc l’abondance d’alevins. On peut de ce point de vue observer la relation existant entre le débit maximum entre janvier et avril, et la densité d’alevins observée en automne dans la Neste à Lortet et Anères.
  • Les relevés thermiques,entre le 1er juin et le 30 septembre 2022 dans les 2 stations suivies, montrent que la température instantanée de la Neste a culminé à 18,2°C à Lortet et 21,4°C à Anères en 2022. La température moyenne journalière n’a cependant pas dépassé 16,8°C à Lortet et 19°C à Anères.
    Quant à la moyenne des températures journalières des 30 jours consécutifs les plus chauds, elle a atteint 15,9°C à Lortet et 17,7°C à Anères, faisant de 2022 une année plus chaude que les 2 précédentes.
     

La densité de juvéniles (1+) relevée en 2022 fait partie des valeurs hautes observées sur la durée du suivi. Elle est en partie le reflet du bon recrutement 2021. L’abondance de truites adultes en 2022 est dans la moyenne de celles observées dans la chronique disponible, mais peut être considérée comme faible pour une rivière comme la Neste. Le taux de survie des juvéniles au stade adulte est très variable, mais reste globalement faible. La densité de truites de plus de 23 cm relevée en 2022 peut être considérée comme faible au vu des références départementales (Indice potentiel halieutique 3/10), mais est moyenne à l’échelle de la chronique disponible.

PREMIER BILAN :

Avec 7 années disponibles à Lortet et 5 à Anères, ce suivi « basse Neste » permet de faire un point d’étape et de dresser un premier bilan. Il aura permis d’en savoir plus sur le peuplement et la fonctionnalité piscicole de la partie aval de la Neste, contredisant certaines idées et hypothèses, et naturellement faisant émerger de nouvelles questions.
Il aura notamment montré que :

  • le peuplement piscicole est composé de 6 espèces à Lortet et de 7 espèces à Anères (voire 8 en comptant le barbeau présent 1 année sur 4), et est globalement conforme à l’appartenance typologique des stations, avec cependant un glissement typologique entre Lortet et Anères.
  • la truite est bien l’espèce dominante de ce secteur (56 à 71 % de la biomasse selon les stations et les années) ; elle constitue également l’espèce repère à prendre en compte vis-à-vis de la fonctionnalité du milieu, en même temps qu’elle focalise le principal enjeu halieutique de ce secteur.
  • l’abondance de truites montre naturellement des variabilités interannuelles, mais peut être globalement considérée comme moyenne à Anères et moyenne à assez forte à Lortet, selon les références départementales ; les abondances observées sont cependant faibles pour une rivière telle que la Neste à ce niveau.
  • l’abondance d’alevins est naturellement très variable d’une année à l’autre, mais peut atteindre des valeurs fortes certaines années, démontrant la fonctionnalité des frayères, qui peut s’exprimer lorsque l’hydrologie est favorable à la survie des jeunes stades (absence de crue marquée entre janvier et mai), comme en 2019 ; l’abondance d’alevins montre cependant un décrochage à Anères en comparaison avec d’autres secteurs amont grâce aux données EDF), qui reflète sans doute le glissement typologique de la Neste (zone de piémont) et une certaine dégradation des conditions de survie des alevins.
  • L’abondance de juvéniles montre elle aussi une assez forte variabilité interannuelle, reflétant notamment l’abondance d’alevins l’année précédente ; mais on peut noter qu’elle décroche à Lortet par rapport aux secteurs amont (malgré des abondances d’alevins assez proches) et plus encore à Anères où ce décrochage semble plus marqué que celui observé pour les alevins, ce qui illustre une dégradation des conditions de survie. L’examen de la relation existant entre l’abondance d’alevins et celle de juvéniles qui en découle l’année suivante illustre d’ailleurs ce phénomène, avec un décrochage assez net de la survie dans les secteurs de la Neste aval par rapport aux secteurs médian (av Arreau) et amont (St Lary).
  • L’abondance d’adultes en fin d’été est elle aussi variable d’une année à l’autre (de 7 à 32/100 m à Lortet et de 4 à 24/100 m à Anères sur la durée du suivi), reflétant notamment l’abondance de juvéniles de l’année précédente ; on peut cependant remarquer que l’abondance d’adultes décroche nettement à Lortet, où elle est proche de celle observée à Anères alors que les abondances de juvéniles étaient très différentes, ce qui traduit une dégradation de la survie.


Au final, les inventaires réalisés pour ce suivi dans la Neste aval révèlent une situation perturbée pour la truite. Le problème semble se situer moins au niveau de la fonctionnalité des frayères et de la production d’alevins (qui n’est pas très différente entre la Neste « médiane » (aval Arreau) et Lortet, mais qui décroche toutefois un peu à Anères, qu’au niveau de la survie de ces alevins au stade 1+, les abondances de juvéniles étant significativement inférieures dans la basse Neste par rapport à la Neste « médiane » (av Arreau) ou « amont » (St Lary).


Il convient d’ajouter à ce tableau général que cette partie aval de la Neste est en première ligne vis-à-vis des effets attendus du réchauffement climatique. Située en piémont, en fin de zone à truites, avec un débit réduit par un captage important, elle est une candidate idéale à un basculement typologique qui pourrait se produire à court ou moyen terme selon l’intensité du réchauffement et l’évolution hydrologique. Les espèces d’eau fraîche, comme la truite et le chabot, en seraient les premières victimes et constituent donc d’excellents indicateurs de ce point de vue.


Evidemment, l’analyse des chroniques longues montre le rôle joué par les crues, qui peuvent être violentes (2001 ou 2013 par exemple) et constituent un paramètre structurant majeur du peuplement piscicole et particulièrement des abondances de truites dans la Neste. Mais les paramètres d’habitat (habitat physique, valeur de débit d’étiage, température, qualité d’eau) sont également très importants et structurent eux aussi les abondances en dehors des impacts des épisodes de fortes crues.

Ce suivi est poursuivi en 2023 avec l'ajout de quelques paramètres de suivi supplémentaires.

Suivi de la qualité des masses d'eau

Dans le cadre de la Directive Cadre sur l'Eau (DCE), l'agence de l'eau réalise un suivi de certains cours d'eau du bassin versant des Nestes, eux-mêmes découpés en différentes masses d'eau.

L'ensemble des états des lieux, et suivis de leur qualité (physico-chimique, biologique, hydromorphologique, sédimentaire, ...) est disponible sur le Système d'Information de l'Eau du bassin Adour-Garonne.

Suivi qualité de l’eau

Depuis 2015, un suivi de la qualité de l’eau est réalisé dans le cadre du Contrat Territorial de Bassin sur le Pays des Nestes. Ce suivi a permis de connaître le fonctionnement des stations d’épuration (STEP). En 2019, 3 points sont suivis : en aval de la STEP du Lavedan, aval de la STEP de Capvern et aval de la STEP de Lannemezan.

Guchen
En 2019, les résultats d’analyses révèlent une eau de bonne qualité en aval de la STEP de Guchen. Les mesures seront poursuivies en 2020

Lannemezan
Pour le suivi en aval de la STEP de Lannemezan, il est à noter l’effort réalisé par la CACG dans le maintien des débits sur la Petite Baïse sauf le 15 octobre justifiée par un étiage sévère à ce moment-là. Par ailleurs, la présence d’Azote Kjeldhal déclassant en décembre est due aux fortes précipitations. Ce point est maintenu en 2020.

Capvern
Pour le suivi sur l’aval de la STEP de Capvern, il n’y a pas de remarques particulières. Ce suivi est maintenu en 2020.

Suivi de la gestion quantitative de l’eau

Actuellement, plusieurs outils et gestionnaires (Plan Gestion des Etiages (PGE Rolex réplique de montres), Organisme Unique de Gestion Collective (OUCG) de l’eau d’irrigation, Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne(CACG)) existent sur le territoire pour la gestion quantitative de l’eau. Le Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SAGE) Neste et Rivières de Gascogne a pour but d’harmoniser cette gestion à l’échelle du territoire élargie Neste et Rivières de Gascogne. Ce SAGE est encours de concertation et d'élaboration, il mettra encore quelques années avant d’être abouti.

En attendant, la gestion quantitative de l’eau est réalisée par la CACG, en tant que gestionnaire du canal et du système Neste, pour maintenir les usages sur les rivières de Gascogne sans pénaliser ceux sur la Neste. Les années sèches comme 2019 montrent que la gestion réalisée jusqu’à présent arrivent à ses limites. Pour se préparer au changement climatique à venir, plusieurs projets voient le jour :

  1. SAGE Neste et Rivières de Gascogne : porté par le Conseil Départemental du Gers, est un projet sur le long terme, outil de planification qui sera aboutie en 2024. Il traite aussi de la qualité de l’eau. Plus de renseignements sur https://www.gers.fr/aides-infos-pratiques/environnement-et-eau/politique-de-leau/sage-neste-et-riviere-de-gascogne
  2. Projet de Territoire Garonne Amont (PTGA) : porté par le Conseil Départemental de Haute-Garonne, projet ayant pour but de proposer un ensemble d’actions concrètes pour la gestion quantitative future avec une concertation citoyenne. Plus de renseignements sur https://www.garonne-amont.fr/

En 2019 le bassin versant de la Neste a subi un étiage sévère dû au manque de précipitations mais aussi en raison de la forte demande des usages (eau potable, milieu aquatique, agricole, …). La particularité de la Neste est qu’elle réalimente 17 rivières de Gascogne via un canal de la propriété de l’Etat, géré par la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG). Cette réalimentation est aussi possible grâce à des réserves de montagne pour le soutien d’étiage (48 millions de m3). Le PETR du Pays des Nestes suit cette thématique depuis de nombreuses années. Il est vigilant chaque année à la gestion faite par la CACG pour maintenir un équilibre entre les besoins, les impacts associés à cette gestion. Le PETR du Pays des Nestes participe régulièrement à la commission Neste, instance décisionnelle pour la gestion du canal de la Neste.

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